Médecine, santé et société

Neutropénies auto-immunes et autres cytopénies

Maladies hémolytiques 23 Jan 2012

Neutropénies auto-immunes

Les neutropénies peuvent être dues aux anticorps, aux cytokines des cellules T ou aux effets cytotoxiques directs de cellules T et NK. Dans les formes idiopathiques et néonatales, on trouve fréquemment des auto-anticorps dirigés contre les antigènes NA1 et NA2 des granulocytes. Ces antigènes sont aussi impliqués dans l'immunisation maternofœtale (neutropénie des nouveaunés). Des auto-anticorps peuvent aussi être formés dans le contexte des connectivités, particulièrement du LED et du syndrome de Felty, une forme particulière de la polyarthrite rhumatoïde. Dans le cas d'une leucémie à cellules T de type LGL (large granuîar lymphocyte), on observe une prolifération clonale de cellules T avec une activité cytotoxique vis-à-vis des granulocytes neutrophiles.

Les thymomes peuvent mener à une aplasie isolée de la lignée blanche. Des cellules T régulatrices inhibant spécifiquement le développement des granulocytes sont produites en grand nombre. Chez les malades atteints par le VIH, la neutropénie est en général due à une inhibition de la production de neutrophiles dans la moelle ou aux effets toxiques de la thérapie.

Pancytopénie

Cette anémie est caractérisée par l'arrêt complet de la production de sang. La numérationformule sanguine montre une pancytopénie, c'est-à-dire simultanément une anémie, une leucopénie et une thrombopénie. L'anémie se manifeste sous forme de pâleur et de fatigue, le déficit de granulocytes sous forme d'une susceptibilité accrue aux infections et enfin la thrombopénie sous forme de pétéchies. La moelle osseuse contient très peu de cellules. La physiopathologie met enjeu des infections, des lésions toxiques, des perturbations prénéoplasiques et enfin des réactions auto-immunes. Ces dernières sont à considérer lorsque la moelle montre une augmentation des cellules lymphoïdes. Il s'agit de cellules T suppressives qui inhibent les cellules souches directement ou par l'intermédiaire des cellules stromales. Une thérapie immunosuppressive (stéroi'des, ciclosporine, greffe de moelle) peut être efficace.

Érythroblastopénie chronique acquise

Ce terme désigne une perturbation isolée de l'érythropoïèse sans atteinte de la production des leucocytes et des thrombocytes. La maladie est associée à des thymomes et à des infections par le parvovirus B19. Il s'agirait d'une activation des cellules T suppressives inhibant l'érythropoïèse. Des anticorps contre des précurseurs des érythrocytes ont également été détectés.

Thrombopénie auto-immune

Ce syndrome est causé par des anticorps, en général de type IgG, contre les thrombocytes. Il est observé dans les connectivités (surtout le LED) ou après certains traitements, des transfusions massives ou des infections virales. Une infection virale antérieure serait aussi en cause dans un grand nombre de cas «idiopathiques» (purpura thrombopénique idiopathique, PTI). Les anticorps réduisent la durée de vie des thrombocytes ; malgré une prolifération des mégacaryocytes dans la moelle, le nombre de plaquettes dans le sang est réduit, accompagné d'hémorragies dans les cas sévères. Ces hémorragies se produisent en général sous forme de pétéchies, même en présence de moins de 30000 thrombocytes/μl. Les hémorragies cérébrales sont rares (moins de 1p. 100 des cas). Les antigènes plaquettaires glycoprotéines IIIa et IIIb ainsi que Gplb sont la cible de la réponse immunitaire. Les anticorps sont détectés sous forme d'immunoglobulines associées aux plaquettes.

Suite à l'administration d'héparine, des complexes antigènes/anticorps sont formés, qui s'attachent aux récepteurs Fc des thrombocytes. Les thrombocytes peuvent alors être lysés ou phagocytés par les macrophages comme « spectateurs innocents». Chez les enfants, le PTI apparaît en général sous forme aiguë suivie d'une remission spontanée, alors que l'évolution est plutôt chronique et réfractaire au traitement chez les adultes. Le traitement consiste en l'administration de corticostéroïdes, d'immunosuppresseurs, de fortes doses d'Ig intraveineuses et, si nécessaire, en une splénectomie.